Une centaine de personnes ont répondu à l’invitation de SPIE pour participer à la seconde édition de la Journée des acteurs du Numérique Responsable, le 27 novembre 2025 à Paris. Une rencontre qui a permis de découvrir des actions concrètes menées par plusieurs grandes organisations, mais aussi d’aborder des sujets clés, comme la mesure et l’intelligence artificielle.
De nombreuses entreprises se sont d’ores et déjà engagées dans une démarche de numérique responsable. « 270 organisations sont aujourd’hui labellisées et 110 sont en cours de labellisation », note Richard Bury, Président de l’Institut du Numérique Responsable. « La labellisation Numérique Responsable de l’INR est poussée par les grands donneurs d’ordre, qui l’exigent de plus en plus fréquemment. »
Passer de la réflexion à l’action
Planifier ne suffit pas : il faut aussi réussir à passer à l’action. Tout dépend ici du niveau de maturité de l’organisation, comme l’explique Flora Fischer, Directrice de mission Numérique Responsable au Cigref. « Nous avons défini trois niveaux de maturité : le niveau initial, où les efforts sont menés à petite échelle ; le niveau localisé, avec des plans limités souvent à quelques équipes ; le niveau managé, qui comprend une gouvernance, des comités, de la mesure et des budgets dédiés. » Interrogés, les participants ont été 36% à déclarer se situer au niveau managé, 39% au niveau localisé et 25% au niveau initial.
Gwladys Mampouya (Responsable du Programme Numérique Responsable au sein du Crédit Agricole) et Jean-Guilhem Bastide (Pilote Numérique Responsable chez Enedis) sont venus partager leurs bonnes pratiques en matière de mesure et d’écoconception : comment effectuer l’état des lieux initial, structurer la démarche et lancer les premières actions ? Le tout en sensibilisant les collaborateurs, afin qu’ils adoptent progressivement des pratiques plus responsables.
Le matériel reste l’un des leviers d’action les plus prometteurs, notamment les postes de travail, qui comptent pour une part non négligeable des émissions carbone des entreprises. Plusieurs actions sont ici possibles, dont la réduction des équipement ou l’achat de matériel reconditionné, comme l’ont évoqué Gwenola Kerglonou (Responsable SI de l’ICAM), Emmanuelle Ledoux (Directrice Générale de l’Institut National de l’Économie Circulaire) et Emmanuel Rousseau (Président-Directeur Général de Leasétic).
Le défi de l’intelligence artificielle
Sur le terrain médiatique, le numérique responsable se fait aujourd’hui éclipser par l’intelligence artificielle et, plus précisément, par l’intelligence artificielle générative. Une technologique grande consommatrice de ressources. Comment la déployer au sein de l’organisation sans dégrader son impact carbone ? Un sujet qui a été au cœur des deux ateliers.
Marlène De Bank (Ingénieure de Projet Numérique au sein du Shift Project), Caroline Chopinaud, (Directrice Générale de Hub France IA) et Vincent Casillas (Chief Technology Officer de SiPearl) se sont posé la question suivante : comment développer l’IA sans compromettre nos objectifs climat ? consommation électrique, datacenters alimentés au fossiles, usage de l'eau pour le refroidissement des centres de données et pour la fabrication des puces : les défis sont nombreux et le respect de nos engagements climat impose de questionner les usages et les pratiques des acteurs du numériques.
Dans le cadre du dernier atelier, trois intervenants travaillant au sein de grands groupes ont expliqué comment ils se sont structurés pour adopter l’IA générative de façon responsable : Fatiha Gas (Directrice Innovation & Programme IA Génératives Groupe, La Poste), Christophe Boulaire (DSI de Sagemcom) et Mohamed Senhadji (Innovation Acceleration Lead, Engie). L’occasion aussi de prendre un peu de hauteur sur le sujet, en repensant à la place que la machine doit occuper au sein des organisations.
« Les tensions géopolitiques et économiques actuelles poussent les entreprises à adopter une position plus défensive, mettant l’accent sur la souveraineté et la compétitivité. Un phénomène auquel il faut ajouter la montée rapide de l’intelligence artificielle, qui sature l’espace médiatique et tend ainsi à invisibiliser le sujet du numérique responsable. Toutefois, nous ne considérons pas que les sujets de souveraineté et de compétitivité sont contraires à l’émergence de pratiques numériques responsables. Au contraire, le NR répond aussi à ces problématiques, en favorisant l’adoption de solutions plus frugales et locales. » conclut Xavier Daubignard, Directeur Général de SPIE ICS.